-
De crescendo en crescendo
De Crescendo en Crescendo
Jacqueline était notre nouveau Prof de Mathématiques cette année là
et mon cœur aux abois voulait me faire emprunter des routes escarpées
Tout ce qui était facile ne lui convenait pas, il n'était tenté que par l'inespéré
Jacqueline, charmante rouquine disait-il devait être mon prochain exploit.
Moi, je voulais enfin m'assagir, m'arrêter là
le cœur jusqu'à l'excès, coriace ne voulait pas
j'entamais mon premier crescendo pour mon professeur
dans un Concerto en Fa mineur.
Arrêtes lui dis-je..tu vas nous mener à la catastrophe..c'est une Prof tu sais
lui rêvait de sensations fortes, d'adrénaline et m'ordonnait d'oser,
de ne pas me dégonfler, d'affronter les obstacles et ne pas céder,
Une exclusion du lycée étant le prix à payer, je finis par me résigner.
Ce fût alors un enchaînement de nuits d'insomnies à penser
à échafauder les plans, les scénarios les plus fous jusqu'au lever,
du coup, j'arrivais ainsi à mon deuxième crescendo sans peur
dans une sonate en La mineur.
Impossible de tenir plus longtemps en place,
Je m'entraînais à l'élocution, à devenir plus loquace,
j'étais fébrile, j'avais la bougeotte, ça devenait cocasse
Mais il fallait rester tenace, et même au besoin coriace.
En classe mes regards devenaient de plus en plus langoureux
Je la déshabillais des yeux, il était temps de jouer franc-jeu
J'embarquais pour mon troisième crescendo
dans une opérette en Ré Mineur.
Jusqu'au jour où voulant en classe me désarçonner ,
dans un élan de hardiesse, elle voulait m'impressionner,
et prendre le dessus sur moi, m'interpella pour dire :
Vous n'arrêtez pas de regarder mes jambes ? Allez vous finir ?
Et l'effronté que j'étais de lui répondre : pas encore Mademoiselle
Elle devint rouge pivoine et ne demandait plus qu'à battre de l'aile
Fort de ma victoire, j'arrivais à mon quatrième crescendo
dans une rhapsodie en Sol Mineur.
Le soir même, mon exclusion du lycée fût illico presto prononcée,
c'était faire fi de mon toupet car le lendemain j'étais réintégré.
Deux semaines plus tard je devins son chouchou, son préféré,
et c'était au fond de la classe, sur mon banc qu'elle venait se réfugier.
Abasourdi par ce qui m'arrivait, le cœur toujours en ballade,
Ce cœur qui me disait : tu vois gamin, tu allais nous laisser en rade.
Plutôt perplexe, je finissais mon cinquième crescendo
dans une symphonie en Ut Majeur.
Abid Hmida
Texte protégé par Copyright DPP N° 80511736
-
Commentaires